Le groupe socialiste décidé à abolir la prostitution

Le groupe socialiste à l'Assemblée nationale a décidé mardi de déposer prochainement une proposition de loi visant à abolir la prostitution, en abrogeant le délit de racolage public et en sanctionnant les clients par une contravention. Il s'agit d'un engagement de campagne de François Hollande. /Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau

PARIS (Reuters) - Le groupe socialiste à l'Assemblée nationale a décidé mardi de déposer prochainement une proposition de loi visant à abolir la prostitution, en abrogeant le délit de racolage public et en sanctionnant les clients par une contravention. Ce texte présenté par les députées socialistes Maud Olivier et Catherine Coutelle est soutenu par des personnalités de toutes formations politiques, souligne le PS. Il s'agit d'un engagement de campagne de François Hollande. "L'achat de services sexuels est une violence faite aux personnes prostituées, qui sont à 85% des femmes. Il n'est pas compatible avec les valeurs d'égalité, de refus de la marchandisation du corps et de respect de l'autre qui sont les nôtres", écrit le PS dans un communiqué. De nombreuses associations réclamaient l'abrogation du délit de racolage passif institué le 18 mars 2003 et pénalisant "le fait par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d'autrui en vue de l'inciter à des relations sexuelles en échange d'une rémunération". L'engagement de François Hollande d'abolir ce délit sera tenu, avait affirmé au printemps Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes. Le futur texte vise à améliorer les mesures de protection et de réinsertion en faveur des personnes prostituées, en abrogeant le délit de racolage public et en leur facilitant l'accès à un titre de séjour, à un soutien financier et à un logement. Il a aussi pour objet de réduire la demande d'achat de services sexuels en sanctionnant les clients par une amende de 1.500 euros maximum. D'autres modalités du texte seront débattues la semaine prochaine au sein du groupe PS, a-t-on précisé. La pénalisation des clients fait débat en France, certaines organisations de prostituées défendant la liberté de disposer de son corps. Des associations, comme Act up ou Médecins du monde, jugent que la pénalisation aggraverait la situation des prostituées de rue. Plusieurs pays pénalisent le recours à la prostitution comme l'Islande, la Norvège et la Suède. D'autres, comme la Grande-Bretagne ou la Finlande, pénalisent les clients de prostituées victimes d'exploitation. Le dépôt de ce texte, estiment Maud Olivier et Catherine Coutelle, est une nouvelle étape vers l'examen de la future proposition de loi en commission, puis dans l'hémicycle. Selon un rapport rédigé par Maud Olivier, environ 20.000 personnes se prostituent en France, dont 85% de femmes. Emile Picy et Gérard Bon, édité par Yves Clarisse