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Le Giec pointe le rôle de l'homme dans le réchauffement climatique

Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat. Le Giec a adopté vendredi un rapport désignant encore plus clairement l'homme comme le principal responsable du réchauffement climatique. /Photo prise le 27 septembre 2013/REUTERS/Bertil Enevag Ericson/TT News Agency

par Alister Doyle et Simon Johnson STOCKHOLM (Reuters) - Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) a adopté vendredi un rapport désignant encore plus clairement l'homme comme le principal responsable du réchauffement climatique. Cette étude, censée éclairer les gouvernements du monde entier sur les causes et les risques du réchauffement, avertit que les effets des émissions de gaz à effet de serre (GES) se feront sentir pendant des siècles. Enfin, les spécialistes prédisent que le ralentissement du réchauffement climatique constaté depuis le début du XXIe siècle ne durera pas. Réunis depuis lundi à Stockholm, les membres du Giec sont convenus que les activités humaines constituent de manière "extrêmement probable", c'est-à-dire avec une probabilité d'au moins 95%, la cause principale du réchauffement de la planète depuis le milieu du XXe siècle. Cette probabilité était de 90% dans le précédent rapport du Giec en 2007 et de 66% dans celui de 2001. Le rapport minimise le fait que les températures ont augmenté plus lentement ces quinze dernières années en faisant état de variations naturelles substantielles qui masquent la tendance à long terme au réchauffement. Pour les experts du Giec, la Terre devrait connaître plus de réchauffement et de phénomènes extrêmes (canicule, sécheresse, inondations et montée du niveau des mers) au fur et à mesure de l'accumulation de GES dans l'atmosphère. Les océans vont également s'acidifier, ce qui menacera une partie de la vie sous-marine. "Il est extrêmement probable que l'influence de l'homme est la cause dominante du réchauffement observé depuis la moitié du XXe siècle", lit-on dans le résumé des conclusions de l'étude. "SANS ÉQUIVOQUE" Le rapport, compilé à partir des travaux de centaines d'experts, sera examiné à la loupe, l'édition 2007 ayant renfermé une erreur exagérant le taux de fonte des glaciers himalayens. Une étude extérieure au Giec menée ultérieurement a conclu que l'erreur en question n'affectait pas les conclusions générales du rapport. Les "climato-sceptiques", qui mettent en doute le poids des activités humaines dans le réchauffement et la nécessité d'une action urgente, seront encouragés par le fait que les températures ont récemment augmenté à un rythme plus lent malgré la hausse des émissions de GES. Mais le Giec dit, comme il l'avait fait en 2007, que la tendance au réchauffement est "sans équivoque" et que certaines de ses conséquences se feront sentir bien au-delà de l'existence des personnes aujourd'hui en vie. Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a jugé que ce rapport devait inciter les gouvernements, plus préoccupés par la croissance économique que par l'écologie, à mettre au point d'ici à 2015 un accord sur la lutte contre le réchauffement. La France, qui organisera en 2015 la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, salue, dans un communiqué, l'adoption unanime de ce texte et dit être "mobilisée pour construire un pacte mondial sur le climat en 2015 qui engagera toutes les parties prenantes sur une limitation des émissions de gaz à effet de serre afin de contenir l'évolution des températures en deçà de 2°C à l'horizon 2100". "Ceux qui nient la réalité de la science et cherchent des excuses au lieu d'agir jouent avec le feu", a jugé le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Pour Connie Hedegaard, commissaire européenne au Climat, il est temps de s'occuper de l'état de santé de la Terre. "Si votre médecin était certain à 95% que vous souffriez d'une maladie grave, vous entameriez aussitôt un traitement", a-t-elle dit. "En raison de nos émissions passées, présentes et attendue de CO2, nous sommes engagés à ce que le changement climatique et ses conséquences persistent pour de nombreux siècles même en cas d'arrêt des émissions de CO2", assure Thomas Stocker, chercheur en physique climatique qui copréside le groupe de travail chargé des aspects scientifiques. D'après le document, les températures devraient augmenter dans une fourchette allant de 0,3 à 4,8°C d'ici la fin du XXIe siècle. La fourchette basse ne sera possible que si les Etats décident de réduire de manière drastique les émissions de GES. Quant au niveau des mers, il pourrait monter de 26 à 82 cm d'ici 2100 en raison de la fonte des glaces et de l'expansion des étendues d'eau provoquée par leur réchauffement. Dans cette éventualité, plusieurs mégapoles côtières, comme Shanghai et San Francisco, seraient menacées. Bertrand Boucey et Jean-Loup Fiévet pour le service français