La Syrie a transmis les données sur son arsenal chimique

Des experts en armes chimiques de l'Onu à Damas, en août dernier. La Syrie a transmis à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques la totalité des informations concernant son arsenal dans les délais prévus. /Photo prise le 29 août 2013/REUTERS/Mohamed Abdullah

par Thomas Escritt AMSTERDAM (Reuters) - La Syrie a transmis la totalité des informations concernant son arsenal chimique dans les délais prévus, annonce samedi l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Selon l'accord conclu entre la Russie et les Etats-Unis samedi dernier à Genève, la Syrie avait jusqu'à aujourd'hui pour transmettre la liste précise de son arsenal chimique à l'OIAC. Cet arsenal devra ensuite être détruit d'ici la fin du premier semestre 2014. Avec l'accord russo-américain, il s'agissait pour Moscou d'éviter une action militaire américaine et française contre le régime syrien en représailles à l'attaque chimique du 21 août dernier près de Damas, qui a fait plus de 1.400 morts selon le département d'Etat américain. Le stock d'armes chimiques de la Syrie est estimé à 1.000 tonnes environ de gaz moutarde, VX et sarin. Ce dernier est l'agent innervant qui a été utilisé pour l'attaque du 21 août, selon les exports des Nations unies. "Le secrétariat technique est en train d'étudier l'information reçue", lit-on dans un communiqué publié samedi sur le site internet de l'OIAC. Vendredi, l'OIAC avait indiqué avoir reçu une partie des informations. Le conseil exécutif de l'OIAC, qui compte 41 membres, doit se réunir en début de semaine prochaine pour faire le point sur les données reçues et élaborer le calendrier de mise en oeuvre du plan russo-américain. EN THÉORIE Une fois que le conseil exécutif de l'OIAC se sera prononcé sur le plan russo-américain, le Conseil de sécurité des Nations unies donnera son aval aux dispositions arrêtées. On devrait alors assister à un rare moment de consensus au sein d'une instance régulièrement bloquée sur le dossier syrien par la Russie et la Chine qui, en tant que membres permanents, disposent d'un droit de veto. Toutefois Russie et Etats-Unis ne sont pas d'accord sur la façon de mettre en oeuvre l'accord de Genève. Le président américain Barack Obama a fait savoir qu'il était toujours prêt à lancer des frappes contre la Syrie, même sans mandat de l'Onu, si le président syrien Bachar al Assad revient sur l'accord russo-américain. La Russie, qui estime qu'on ne peut déterminer qui était derrière l'attaque du 21 août, reste toutefois opposée au souhait des Occidentaux de voir le Conseil de sécurité mentionner explicitement la menace du recours à la force (le chapitre VII de la Charte des Nations unies) en cas de non respect par Damas de ses obligations. Samedi, tout en réaffirmant son opposition à une intervention militaire occidentale en Syrie, la Russie a toutefois fait savoir qu'elle pourrait renoncer à soutenir Bachar al Assad si elle venait à apprendre que celui-ci ne respectait pas ses engagements concernant son arsenal chimique. "Je parle en théorie et par hypothèse, mais, s'il s'avérait qu'Assad triche, nous pourrions modifier notre position", a déclaré le chef de cabinet du Président Vladimir Poutine, Sergueï Ivanov, lors d'une conférence organisée à Stockholm par l'International Institute for Strategic Studies, un organisme britannique, selon les médias russes qui ont repris ses propos. Il a souligné qu'après les informations données par la Syrie sur ses armes chimiques, il faudrait deux ou trois mois pour évaluer le temps nécessaire à leur élimination. Thomas Escritt; Danielle Rouquié pour le service français