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La légitime défense examinée pour le bijoutier de la Marne

L'enquête devra dire si le bijoutier qui a abattu jeudi un malfaiteur qui attaquait son magasin à Sézanne (Marne) était en état de légitime défense, selon le procureur de la République de Châlons-sur-Marne, Christian de Rocquigny. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard

PARIS (Reuters) - L'enquête devra dire si le bijoutier qui a abattu jeudi un malfaiteur qui attaquait son magasin à Sézanne (Marne) était en état de légitime défense, a déclaré vendredi le procureur de la République de Châlons-sur-Marne. Le commerçant, âgé de 54 ans, a été placé en garde à vue et une information judiciaire devrait être ouverte samedi matin, a précisé Christian de Rocquigny lors d'une conférence de presse. "Il ne faut pas aller trop vite, il faut prendre le temps, (...) l'enquête déterminera si oui ou non il y a état de légitime défense", a-t-il dit. Ce vol à main armée qui a mal tourné rappelle l'affaire du bijoutier de Nice qui, il y a deux mois et demi, avait tué l'un de ses agresseurs et en faveur duquel les soutiens s'étaient multipliés. Une marche de soutien a rassemblé quelques centaines de personnes vendredi à Sézanne, commune de 5.000 habitants, à l'initiative du président de l'Union des commerçants. "Personne n'est à l'abri de ce qui s'est passé", a déclaré ce dernier, Franck Vignot, sur BFM TV. Comme pour le joaillier de Nice, une page de soutien au bijoutier de Sézanne a été créée sur Facebook, recueillant 35.000 signatures en milieu d'après-midi. "Si la France ne veut pas nous défendre, nous nous défendrons nous-même", proclame-t-elle. Le malfaiteur de Sézanne, âgé de 36 ans, est un récidiviste condamné à dix reprises, dont deux fois devant une cour d'assises pour vol avec arme, et avait purgé toutes ses peines. Il était armé d'un pistolet d'alarme dépourvu de munitions qui avait l'apparence sans doute pour le bijoutier d'une arme létale, a précisé le procureur. COMPORTEMENT SUSPECT Selon les images de la vidéosurveillance prises à l'intérieur de la bijouterie, le malfaiteur est entré vers 16h30, a été accueilli par l'épouse du commerçant et a fait mine de s'intéresser à des bijoux. Le joaillier, qui se trouvait à l'étage, a trouvé son comportement suspect et est descendu en dissimulant une arme dans son dos. Après avoir été mis en joue par le malfaiteur avec un gomme-cogne, le bijoutier a sorti son arme, un pistolet automatique de calibre 9 mm pour lequel il disposait d'une autorisation préfectorale, a précisé Christian de Rocquigny. Un corps à corps s'est alors engagé, le malfaiteur a poussé le bijoutier dans le fond du commerce et ce dernier a tiré à quatre reprises. L'agresseur a néanmoins réussi à ressortir du magasin et a tenté, en titubant, de rejoindre un complice qui l'attendait dehors avant de s'effondrer à terre. Avant de succomber à ses blessures, il a déclaré à un passant : "On était trois, on vient du 94", le Val-de-Marne. L'épouse du bijoutier a dit aux enquêteurs que son mari avait déjà subi cinq agressions. Les policiers tentent d'établir s'il y avait un ou deux complices et si un lien peut être fait avec d'autres affaires. Plus tôt dans l'après-midi, une tentative de vol à main armée a eu lieu dans une agence du Crédit Agricole de Vitry-le-François, à 65 kilomètres à l'est de Sézanne. "Il est un peu tôt pour dire si c'est la même équipe", a dit Christian de Rocquigny. Gérard Bon