La coalition autrichienne survit à l'extrême-droite

Dans un bureau de vote à Vienne. La coalition gouvernementale autrichienne formée des sociaux-démocrates du SPÖ et des conservateurs de l'ÖVP a obtenu 50,9% des voix lors des élections législatives de dimanche, selon des résultats préliminaires officiels. /Photo prise le 29 septembre 2013/REUTERS/Petr Josek

par Michael Shields et Georgina Prodhan VIENNE (Reuters) - La coalition gouvernementale autrichienne formée des sociaux-démocrates du SPÖ et des conservateurs de l'ÖVP a obtenu 50,9% des voix lors des élections législatives de dimanche, selon des résultats préliminaires. Ces résultats, qui ne prennent pas en compte les votes par correspondance, choisis par 10% des électeurs et qui ne seront connus que lundi, devraient permettre à la coalition de rester au pouvoir malgré une majorité réduite et la forte poussée des partis eurosceptiques. Selon les résultats préliminaires fournis dimanche par le ministère de l'Intérieur, le SPÖ du chancelier Werner Faymann obtient 27,1%. L'ÖVP, avec 23,8%, se classe deuxième mais est talonné par un FPÖ (Parti de la liberté, extrême-droite) en progression de quatre points à 21,4%. Il s'agit du plus mauvais score combiné du SPÖ et de l'ÖVP depuis la Seconde guerre mondiale. Dans les années 1980, les deux partis centristes monopolisaient environ 90% des suffrages. Werner Faymann a annoncé qu'il allait inviter le chef de l'ÖVP, Michael Spindelegger, à former une nouvelle coalition, tout en reconnaissant que les résultats de dimanche ne sont en rien un vote de confiance pour le gouvernement sortant. "Il y a beaucoup à faire, d'une part pour expliquer ce résultat et de l'autre pour restaurer la confiance à l'avenir", a déclaré le chancelier social-démocrate à la télévision ORF. En dépit des conflits réguliers avec ses partenaires conservateurs au cours de la mandature qui s'achève, sur la fiscalité, l'éducation ou encore la taxation exceptionnelle des banques, le chef de file du SPÖ devrait donc gouverner cinq ans de plus. Michael Spindelegger s'est dit ouvert à des discussions avec le SPÖ, sans exclure pour autant la formation d'une coalition avec l'extrême-droite et avec un nouveau parti eurosceptique créé par l'homme d'affaires Frank Stronach. "Ce résultat est un avertissement. Nous ne pouvons pas nous contenter de faire comme avant", a-t-il dit à l'ORF. POUSSÉE DE L'EXTRÊME-DROITE Selon les analystes, ces déclarations de Spindelegger visent surtout à lui donner plus de poids dans les négociations à venir avec les sociaux-démocrates. "Je pense que la grande coalition va être reconduite bien qu'on ne puisse plus vraiment la qualifier de grande", a commenté Sylvia Kritzinger, directrice du département de sciences sociales de l'Université de Vienne. L'affaiblissement de la coalition sortante s'explique en partie par la progression du FPÖ, parti anti-immigration et anti-islam qui réclame la fin des plans de sauvetage pour les pays en difficulté de la zone euro. "C'est un succès extraordinaire", s'est exclamé le chef du parti d'extrême-droite, Heinz-Christian Strache, 44 ans, un personnage controversé qui dispose d'une large audience au sein de la jeunesse autrichienne. La coalition au pouvoir aurait pu chuter si l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ), un parti de droite qui a fait sécession du FPÖ en 2005, avait réussi à se maintenir au parlement, mais avec 3,6% des voix, elle est l'une des perdantes du scrutin. Team Stronach (5,8%), la formation de l'homme d'affaires qui a "mordu" sur l'électorat du FPÖ, et les libéraux de Neos (4,8%) franchissent en revanche le seuil des quatre pour cent nécessaire à une représentation au parlement, qui compte 183 élus. Les Verts, qui auraient pu entrer au gouvernement en cas d'échec cuisant des deux grands partis, recueillent de leur côté 11,5% des suffrages, en-deçà des 14% que leur prédisaient les sondages, mais en progression d'1,5 point par rapport au scrutin de 2009. Pascal Liétout et Tangi Salaün pour le service français