L’Afrique en formes

«Poto poto rouge» de Cheick Diallo.

SUD. A l’occasion de deux expositions françaises, un designer malien et un architecte burkinabé défendent leurs façons de travailler entre l’Europe et leur pays.

On ne parle des pays de l’Afrique de l’Ouest que lorsqu’ils sont en guerre comme au Mali, quand la situation politique y est instable comme au Burkina Faso, qu’un coup d’Etat y survient, ou que des otages occidentaux y sont retenus. Certes les musiques, les danses africaines enrichissent et rythment la culture en Europe depuis des décennies. Mais dans ces pays riches de cultures et d’arts vernaculaires, qui ont tant besoin de s’industrialiser, de moderniser et développer leur artisanat, de s’autonomiser des produits chinois, de bâtir en rupture avec les bâtiments standards internationaux inadaptés au climat, de reconstruire un habitat et des équipements populaires, on n’évoque jamais les créateurs que sont les architectes ou les designers de ce continent. Ils sont peu nombreux sur la scène mondiale, mais d’autant plus intéressants et précieux.

C’est le cas de l’architecte burkinabé Diébédo Francis Kéré, qui réinsuffle dans son pays, à Gando, une construction en briques de terre, un bâtiment aux qualités climatiques évidentes. Ou du designer malien Cheick Diallo, qui réinterprète les matériaux comme le fil nylon, le cuir, le métal de récupération.

En ce moment en France, des expositions mettent en lumière leur manière de travailler entre Berlin et l’Afrique pour le premier, entre Rouen et Bamako pour le second. Ces deux concepteurs ont en commun de pouvoir prendre des forces de réflexion, de se doter de moyens économiques en Europe, pour mieux proposer, dans leurs deux pays, leur travail, leurs réinventions contemporaines et spécifiques, mêlant traditions et technologie. Tous deux ont aussi à cœur de faire participer sur place les habitants, les artisans à leurs projets. Sans démagogie. Sans folklore.



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