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L'oncle du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a été exécuté

Jang Song Thaek conduit au tribunal par du personnel en uniforme. L'oncle et ancien mentor du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a été exécuté jeudi après avoir été reconnu coupable de trahison et de complot contre l'Etat, selon l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. /Photo publiée le 13 décembre 2013/REUTERS/Yonhap

par Jack Kim SEOUL (Reuters) - Jang Song Thaek, oncle et ancien mentor du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, a été exécuté jeudi après avoir été reconnu coupable de trahison et de complot contre l'Etat, rapporte l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. La peine capitale a été prononcée le 12 décembre par un tribunal militaire et immédiatement appliquée, ajoute l'agence. "L'accusé Jang a réuni des forces nuisibles, formé et dirigé depuis longtemps une faction et commis d'horribles crimes en tentant de renverser l'Etat", précise KCNA. Pyongyang avait confirmé lundi la disgrâce de Jang Song Thaek, considéré jusqu'alors comme le numéro deux du régime dynastique au pouvoir en Corée du Nord. "Jang et ses partisans ont commis des actes criminels défiant l'imagination et ils ont causé un tort énorme à notre parti et à la révolution", écrivait alors KCNA au lendemain d'une réunion du bureau politique du Parti des travailleurs. Jang avait été déchu de tous ses titres et relevé de toutes ses fonctions. Marié à la tante de Kim, la fille du fondateur du pays Kim Il Sung, il était notamment vice-président de la puissante Commission de la Défense nationale et siégeait au bureau politique du Parti des travailleurs. "Si cela se confirme, c'est un nouvel exemple de l'extrême brutalité du régime nord-coréen", a commenté Patrick Ventrell, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison blanche. "Nous suivons de près les évènements en Corée du Nord et sommes en contact avec nos alliés et partenaires dans la région", a-t-il ajouté. Lundi, KCNA avait dressé la liste des griefs retenus contre Jang Song Thaek: mauvaise gestion du système financier national, corruption, abus d'alcool et de drogue et dépravation sexuelle. "VIE DISSOLUE ET DÉPRAVÉE" "Jang prétendait soutenir le parti et le pouvoir, mais il était impliqué dans des luttes intestines et poursuivait un rêve différent en s'impliquant dans un double jeu en coulisses", écrivait l'agence officielle. "Contaminé par le style de vie capitaliste, Jang s'est livré à des irrégularités et à la corruption et a mené une vie dissolue et dépravée", poursuivait KCNA. Après la mort de Kim Jong-il, en décembre 2011, Jang a joué un rôle de premier plan dans la transmission du pouvoir à Kim Jong-un, le jeune fils du "cher dirigeant", et oeuvré à la consolidation de son emprise sur le pouvoir. Mais il semble que Kim ait décidé, avec l'aide d'un groupe de conseillers plus jeunes, de se débarrasser de son encombrant mentor, estiment des spécialistes de la Corée du Nord. "C'est une personnalité que Kim Jong-un devait à un moment supplanter pour renforcer sa propre structure de pouvoir. Les jeunes élites ont poussé Kim à se débarrasser de Jang, ce qui signifie qu'il va gouverner sans tuteur", analysait il y a quelques jours Koh Yu-hwan, de l'université Dongguk de Séoul, quand les services de renseignement sud-coréens ont fait savoir qu'ils pensaient que Jang était tombé en disgrâce. Le renseignement sud-coréen pense que deux des collaborateurs de Jang au sein du Parti des travailleurs ont été exécutés pour corruption. UNE PREMIÈRE DISGRÂCE EN 2004 Un autre proche de Jang, qui gérait ses avoirs, aurait de son côté demandé l'asile à la Corée du Sud et serait sous protection d'agents sud-coréens dans un lieu tenu secret en Chine, selon des médias sud-coréens. Dans un documentaire sur Kim Jong-un rediffusé samedi par la chaîne nationale nord-coréenne, Jang Song Thaek n'apparaissait déjà plus. Dans ce film d'une heure à la gloire du dirigeant nord-coréen, diffusé pour la neuvième fois, il n'était montré que sous des angles de vue rendant son visage invisible, voire simplement effacé de certaines scènes, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. Sa disgrâce et son exécution est le principal bouleversement politique survenu en République démocratique populaire de Corée depuis la mort de Kim Jong-il. Jang, qui avait déjà été écarté du pouvoir en 2004 par le père de l'actuel dirigeant nord-coréen avant une spectaculaire réhabilitation deux ans plus tard, entretenait des liens étroits avec le voisin chinois. Il dirigeait notamment la délégation nord-coréenne chargée de mener de concert avec Pékin un projet commun de développement d'une zone économique spéciale sino-nord-coréenne. Bureau de Séoul, Bertrand Boucey, Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français