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Israël exonère l'un de ses soldats pour la mort d'un Palestinien

JERUSALEM (Reuters) - L'armée israélienne a blanchi l'un de ses soldats pour la mort en 2011 d'un manifestant palestinien tué par une cartouche de gaz lacrymogène. Moustafa Tamimi, 28 ans, avait été atteint à la tête par cette cartouche alors qu'il poursuivait un véhicule de l'armée israélienne tout en jetant des pierres lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée. Dans un communiqué diffusé jeudi soir, l'armée israélienne déclare qu'une enquête interne a permis d'établir que le soldat responsable du tir "n'avait vu personne dans sa ligne de mire" et que, par conséquent, aucun des militaires impliqués dans cet incident ne saurait être tenu pénalement responsable. L'armée ajoute que son enquête a été entravée par le refus de témoigner d'un autre manifestant, qu'elle n'identifie pas, et par des "émeutes" lorsque des experts scientifiques ont voulu procéder à des analyses sur les lieux de l'incident. Louai Tamimi, frère du manifestant tué, rejette cette version de l'armée israélienne et dit ne pas avoir été approché par les enquêteurs malgré sa présence dans la manifestation du 9 décembre 2011. Il a déclaré à Reuters qu'il se tenait aux côtés de son frère, à "quatre ou cinq mètres, ou moins" du véhicule israélien. "Lorsque le soldat a tiré la cartouche de gaz lacrymogène, il ne fait aucun doute qu'il nous avait vus et il a touché mon frère directement", a-t-il affirmé vendredi. L'organisation israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem juge que les faits tels qu'ils sont présentés par l'armée israélienne contreviennent à ses propres règles, selon lesquelles un tir de grenade lacrymogène ne doit pas entraîner de risque mortel. Dans un communiqué, elle critique la durée et le champ limités des investigations de l'armée sur cet incident. "Dans de telles circonstances, c'est seulement une question de temps avant qu'un autre civil palestinien désarmé soit tué de la même manière. Pour les Palestiniens de Cisjordanie, cette décision représente un message clair qu'ils ne peuvent attendre la justice du système juridique israélien", écrit B'Tselem. Dan Williams, Bertrand Boucey pour le service français, édité par Gilles Trequesser