L'Iran entrevoit une "ouverture" sur le nucléaire, pas Israël

DUBAI/VIENNE (Reuters) - Les autorités iraniennes ont poursuivi mercredi leur offensive diplomatique sur le dossier du nucléaire, affichant une volonté d'"ouverture" à laquelle Israël n'accorde aucun crédit. Dans une interview accordée à la chaîne américaine NBC, le nouveau président iranien, Hassan Rohani, considéré comme un modéré par rapport à son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré mercredi soir que son gouvernement ne mettrait jamais au point la bombe atomique. Il a également évoqué son échange de lettres avec Barack Obama, révélé le week-end dernier par le président américain, en déclarant que le message de son interlocuteur était "positif et constructif". De son côté, la Maison blanche a dévoilé en partie le contenu de ces lettres, indiquant qu'Obama déclarait que "les Etats-Unis sont prêts à régler le différend nucléaire d'une manière qui permette à l'Iran de faire la preuve que son programme nucléaire poursuit des objectifs purement pacifiques". "La lettre souligne aussi la nécessité d'agir sur cette question avec un degré d'urgence parce que, comme nous le disons depuis longtemps, la fenêtre d'opportunité pour une solution par la voie diplomatique est ouverte mais ne le sera pas indéfiniment", a ajouté Jay Carney, porte-parole de la présidence. L'accession à la présidence de Rohani, présenté comme un religieux pragmatique, a ranimé les espoirs d'assister à un règlement du contentieux entourant le programme nucléaire de l'Iran depuis plus de dix ans. Ces derniers jours, le Guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, à qui revient le dernier mot sur les affaires stratégiques, s'est lui-même dit partisan d'une certaine "souplesse" en matière diplomatique. "OUVERTURE" CONTRE "DISSIMULATION" Mercredi, c'est le président de l'Organisation iranienne de l'énergie nucléaire (OIEA), Ali Akbar Salehi, qui a dit voir une "ouverture" dans les négociations entre Téhéran et les Occidentaux, qui soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique. "Cette année, dans les mois à venir, nous allons assister à une ouverture sur ce problème. Nous nous attendons à voir dans les prochains mois le début du processus de sortie du problème nucléaire", a dit le patron de l'OIEA, cité par l'agence de presse Mehr. Mais Israël doute fortement de la sincérité de cette "ouverture". Pour le directeur de la Commission israélienne de l'énergie atomique, Shaul Chorev, "l'image que les représentants iraniens tentent de donner en terme d'ouverture et de transparence de leur programme nucléaire est en nette contradiction avec les actes véritables de l'Iran et les faits sur le terrain". La question, a-t-il ajouté lors de l'assemblée annuelle des Etats membres de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à Vienne, n'est pas de savoir si l'Iran "a modifié son lexique diplomatique, mais s'il aborde sérieusement et en temps voulu les questions qui sont en suspens depuis bien trop longtemps". Chorev a accusé l'Iran de "subterfuge et de dissimulation qui donnent une fausse impression de son niveau d'engagement avec l'AIEA (...) et ce, afin de gagner plus du temps pour avancer pas à pas dans tous les aspects de son programme nucléaire militaire". Depuis les premières révélations sur les installations nucléaires iraniennes à l'été 2002, les Occidentaux et Israël soupçonnent la République islamique de chercher à se doter de la bombe atomique. Téhéran affirme que ses recherches ne visent qu'à la maîtrise des usages civils du nucléaires. Israël est considéré pour sa part comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient mais s'en tient à sa doctrine de l'"ambiguïté nucléaire" qui consiste à ne confirmer ni démentir qu'il détient l'arme atomique. Yeganeh Torbati à Dubaï et Fredrick Dahl à Vienne avec Matt Spetalnick à Washington; Pierre Sérisier, Jean-Loup Fiévet et Henri-Pierre André pour le service français