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Hollande promet visibilité et simplicité aux patrons étrangers

Devant une trentaine de chefs d'entreprises étrangères installées en France et réunis pour un conseil stratégique de l'attractivité, François Hollande s'est engagé lundi à garantir la visibilité fiscale et à simplifier les démarches des investisseurs étrangers. /Photo prise le 17 février 2014/REUTERS/Rémy de la Mauvinière/Pool

par Julien Ponthus PARIS (Reuters) - François Hollande s'est engagé lundi à garantir la visibilité fiscale et à simplifier les démarches des investisseurs étrangers, auprès desquels l'image de la France pâtit de certaines de ses promesses de campagne présidentielle. De la taxe à 75% sur les hauts revenus à la proposition de loi dite "Florange", qui ouvre la voie à des pénalités pour les entreprises fermant un site rentable, en passant par la loi Hamon, qui oblige les PME à informer leurs salariés en cas de cession, les engagements pris avant le virage social-démocrate du président pourraient en effet brouiller le message. Réunis pour un conseil stratégique de l'attractivité, une trentaine de chefs d'entreprises étrangères installées en France et pesant 850 milliards d'euros ont fait l'objet d'une opération de séduction de la part de François Hollande, qui leur a promis de la "visibilité" pour encourager leurs investissements. "Comment investir si on n'est pas sûr que les données fiscales vont rester les mêmes tout au long de la vie de l'investissement?", a-t-il demandé en assurant que la stabilité fiscale serait au coeur du pacte de responsabilité, un ensemble de baisse de charges programmé pour promouvoir la compétitivité. "Le pacte de responsabilité, c'est aussi un pacte de visibilité sur la trajectoire fiscale que notre pays doit poser clairement pour les entreprises et les ménages", a-t-il dit. "Notre ambition, notre volonté, notre engagement, c'est d'harmoniser la fiscalité des entreprises à l'horizon 2020 par rapport à nos principaux voisins européens, notamment à l'Allemagne", a-t-il rappelé, ajoutant que ce sujet serait au coeur du conseil des ministres franco-allemande de mercredi. La stabilité fiscale est une vieille revendication des investisseurs étrangers en France, qui accueille 20.000 entreprises employant plus de 2 millions de salariés et représentant 30% des exportations du pays. "LA FRANCE DOIT ÊTRE UN PAYS SIMPLE" Interrogé lundi avant la réunion, Ian Cheshire, PDG du groupe européen de bricolage Kingfisher - 200 magasins et 25.000 emplois en France - a réclamé sur Europe 1 "une perspective à moyen terme, c'est-à-dire 5 ans, sur les questions de fiscalité", pour créer une "situation de confiance". Ce conseil d'attractivité est censé répondre aux patrons de firmes étrangères qui avaient averti les autorités en décembre dernier qu'ils leur était de plus en plus difficile de plaider la cause de l'investissement en France devant leur direction devenue méfiante vis-à-vis des perspectives économiques du pays. François Hollande a aussi annoncé de nombreuses mesures pour assurer un meilleur accueil des expatriés et faire bénéficier les entreprises étrangères du "choc de simplification". "La France doit être un pays simple, ce n'est pas toujours l'image qu'elle renvoie vers l'extérieur", a-t-il dit, annonçant pour 2015 une simplification du régime de TVA applicable aux entreprises importatrices et la dématérialisation de toutes les procédures en douane à l'import et à l'export avant fin 2014. Les visas pour les chargés d'affaires étrangers seront obtenus en 48 heures et la déclaration préalable pour créer une entreprise en France par un investisseur étranger supprimée. Selon les chiffres de l'Agence française pour les investissements internationaux, le nombre de décisions d'investissements étranger a légèrement reculé en 2013, à 685 contre 693 en 2012, mais les emplois générés sont néanmoins supérieurs, à 29.631 contre 25.908. La ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq a annoncé lundi sur RFI qu'elle visait 1.000 décisions annuelles. L'opération de séduction vers les milieux d'affaires étrangers intervient alors que la légère reprise de l'investissement en France a permis d'afficher une croissance meilleure que prévu en 2013, mais toujours poussive (0,3%). Pour lui donner un nouvel élan, le gouvernement ne peut négliger les capitaux étrangers, qui représentent un stock de plus de 503 milliards d'euros, selon l'Elysée. "La croissance, elle ne reviendra que si la confiance est là et vous êtes, investisseurs étrangers, un élément de cette confiance", a estimé le président. Avec Marion Douet, édité par Yves Clarisse