Rebond du chômage, François Hollande confirme l'inversion

François Hollande a déclaré jeudi que l'inversion de la courbe du chômage était bien amorcée. La publication des chiffres de novembre montrent une hausse du nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A mais une baisse pour les personnes ayant exercé une activité réduite. /Photo prise le 24 octobre 2013/REUTERS/Philippe Wojazer

par Marc Joanny PARIS (Reuters) - Le nombre de demandeurs d'emploi est reparti à la hausse en novembre en France mais l'inversion de la courbe du chômage est "bien engagée" selon François Hollande, qui s'est donné jusqu'à la fin de l'année pour atteindre cet objectif. Selon les données publiées jeudi par le ministère du Travail, le nombre de demandeurs de catégorie A, sans le moindre emploi, a ainsi augmenté de 0,5% en métropole en novembre, soit de 17.800, pour s'établir à 3.293.000. En tenant compte des personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), leur nombre recule toutefois de 0,1% (-6.900) à 4.876.100. Avec les départements d'Outre-mer, le total atteint 5.174.300. En dépit de la hausse du nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A, le chef de l'Etat a estimé dans un communiqué que "l'inversion de la courbe du chômage est bien amorcée" et que "la diminution durable du chômage est désormais à notre portée", provoquant les sarcasmes de l'opposition. "Je demande à François Hollande de s'adresser aux Français pour prendre acte de son échec et annoncer immédiatement un changement de politique économique", a ainsi déclaré le président de l'UMP, Jean-François Copé, dans un communiqué. Le ministre du travail, Michel Sapin, avait déclaré auparavant que "l'inversion de la courbe du chômage est bel et bien engagée en ce quatrième trimestre de 2013". "Sur les deux premiers mois du quatrième trimestre (octobre et novembre), l'évolution est à la baisse de -1.350 en moyenne par mois", a-t-il souligné à propos des chiffres de novembre. Les évolutions enregistrées en novembre sont inverses mais avec une moindre amplitude de celles d'octobre, où le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A avait reculé de 0,6% et celui incluant les catégories B et C avait progressé de 0,8%. VOLATILITÉ Il a rappelé que la progression du chômage n'avait cessé de ralentir depuis le début de l'année, passant de +30.000 demandeurs d'emploi par mois en moyenne au premier trimestre, à +18.000 par mois en moyenne au deuxième et +5.500 au troisième. Le rebond du chômage au mois de novembre concerne l'ensemble des classes d'âge, y compris celle des moins de 25 ans pour laquelle le nombre de demandeurs d'emploi progresse de 0,4% par rapport au mois précédent, à 537.400. "Au-delà de la légère remontée de novembre, l'inversion de la courbe du chômage des jeunes est une réalité depuis maintenant plus de six mois", estime toutefois le ministre, qui met en avant un recul du nombre de demandeurs d'emploi parmi les jeunes de moins de 25 ans de 4,1% (-23.000) depuis avril. Sur un an, le nombre de demandeurs d'emploi de moins de 25 ans (en catégorie A) s'inscrit encore en hausse à +0,3% à fin novembre. Toutes classes d'âge confondues, il progresse de 5,6% en catégorie A et de 5,9% en incluant les catégories B et C. Traditionnels points noirs, le nombre de chômeurs de 50 ans et plus progresse de 0,7% sur le mois à 1.041.700 (catégories A,B et C) et de 11,1% sur un an tandis que celui des chômeurs de longue durée poursuit aussi sa hausse (+0,3% au total avec +1,2% pour ceux de deux à trois ans et +1,4% pour ceux de plus de trois ans mais -0,6% pour ceux de un à deux ans). "Au-delà du dernier chiffre de 2013 à venir, c'est la bataille de l'inversion durable, mois après mois, qu'il faut gagner en 2014 : elle est à notre portée", a dit Michel Sapin. PLUS D'EMPLOIS D'AVENIR Si les économistes ont pris acte de l'inflexion du chômage, ils sont plus circonspects sur la possibilité d'une inversion durable au regard de la faiblesse de la reprise économique. "Le chômage devrait peu à peu se stabiliser et grâce à une politique de l'emploi particulièrement vigoureuse, en particulier d'emplois aidés, le gouvernement peut espérer faire baisser un peu le chiffre du chômage à la fin de l'année 2013, au début de l'année 2014", a déclaré Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE. "Nous avons jusqu'à présent une croissance médiocre de l'ordre de 0,8%-1,0% par an qui permet au mieux de stabiliser le chômage mais qui ne permet pas de réussir à le faire baisser." Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee a prévu que l'économie française connaîtrait une reprise poussive en 2014, insuffisante pour provoquer une inversion de la courbe du chômage qui se stabiliserait à 11,0% de la population active au premier semestre, contre 10,9% à la fin du 3e trimestre 2013. (voir . L'Institut entrevoit un léger mieux dû aux emplois aidés et à un net ralentissement des destructions de postes dans le privé (4.000 au premier semestre 2014), grâce notamment aux effets du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). Pour Michel Sapin, l'Insee n'a toutefois pas pris en compte le fait que le gouvernement concentrerait les moyens de la politique de l'emploi sur le premier semestre de l'année 2014. Il a annoncé 50.000 emplois d'avenir supplémentaires en 2014, dont 35.000 au premier semestre, la poursuite de la politique actuelle sur les emplois aidés et le plan prioritaire de formations pour les chômeurs, avec 70.000 supplémentaires après les 30.000 de cette fin d'année, a-t-il dit. "La question, c'est de faire en sorte que la croissance à mi-année prochaine prenne le relais et permette sans avoir à augmenter plus encore les outils de la politique de l'emploi de créer un solde positif entre les créations et les destructions d'emplois", a toutefois ajouté le ministre. Avec Pauline Mevel, édité par Yves Clarisse