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Flambée de peste aux Etats-Unis

Au moins deux Américains contaminés par la peste l’ont été au cours d’une visite au parc Yosemite en Californie. ©Mark J. Miller
Au moins deux Américains contaminés par la peste l’ont été au cours d’une visite au parc Yosemite en Californie. ©Mark J. Miller

Au moins deux Américains contaminés par la peste l’ont été au cours d’une visite au parc Yosemite en Californie. ©Mark J. Miller

Depuis des siècles, la peste porte avec elle une bien sombre réputation. A raison. Le bacille Yersinia Pestis a causé la mort de près d’un tiers de la population européenne au Moyen Âge. Aujourd’hui encore, elle sévit régulièrement dans plusieurs pays du monde. Récemment, les Etats-Unis ont déclaré 11 cas, dont 3 mortels, en 4 mois seulement. Le Dr Elisabeth Carniel, chef de l’unité Yersinia de l’Institut Pasteur, a expliqué à Destination Santé les raisons de cette flambée.

« La survenue de cas de peste aux Etats-Unis n’est pas surprenante en soi », indique Elisabeth Carniel. « Il y en a tous les ans quelques uns. Mais cette année, leur nombre est nettement plus important. » Au total, 11 personnes ont été infectées entre les mois d’avril et août, parmi lesquelles 3 sont décédées. « Ce qui représente quand même une mortalité de près de 30% », ajoute-t-elle. A priori, c’est la forme bubonique qui serait incriminée. « Les décès sont sans doute dus à un diagnostic et un traitement tardifs. »

Comment expliquer cette flambée ? Plusieurs victimes avaient visité un parc national de l’ouest du pays, le parc Yosemite. Les rongeurs qui y vivent – chiens de prairie, écureuils… – sont le réservoir du bacille. « La peste est active en permanence, présente chez ces animaux, mais on ne s’en préoccupe qu’en cas de victime humaine », explique le Dr Carniel. « Cette année, le climat a sans doute été favorable au développement des rongeurs », poursuit-elle. Et plus il y a de rongeurs, plus le risque de contact avec l’homme est élevé. C’est pourquoi les autorités recommandent aux visiteurs de ces parcs de ne pas s’approcher des rongeurs, en particulier si ces derniers sont morts. « La puce quitte l’animal une fois qu’il est mort pour trouver un nouvel hôte, bien vivant celui-là. »

Quel risque en France ?

« Les rongeurs en France ne sont pas porteurs du bacille Yersinia pestis », indique Elisabeth Carniel. « Sans avoir d’explication certaine, une hypothèse suggère que la présence d’un bacille très proche, Yersinia pseudotuberculosis, les aient immunisés contre celui de la peste. » Mais rien n’est moins sûr.

Quoi qu’il en soit, « il n’y a pas de raison qu’une épidémie se déclare en France ». Et quand bien même un cas humain serait importé, un traitement efficace existe, qui permettrait de contenir le bacille. Ce qui est d’ailleurs le cas aux Etats-Unis. D’autres pays mériteraient pourtant qu’on s’inquiète de la menace que fait peser la peste sur l’homme : « c’est le cas du Pérou, mais aussi et surtout de Madagascar où plusieurs centaines de cas humains sont comptabilisés chaque année », insiste le Dr Carniel. Chaque année, entre 20% et 30% de ces malades meurent, après piqûre de puces de rats infectés. D’ailleurs, selon l’Institut Pasteur de Madagascar, cité par nos confrère du journal belge Le Soir, la peste pulmonaire aurait fait 8 morts en 2 jours dans le centre du pays. « Pour autant, le vaccin que nous avons développé, et qui offre une protection à 100% chez l’animal, n’intéresse pas les industriels. »