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Des lycéens défilent pour Leonarda, l'enquête close vendredi

PARIS (Reuters) - La controverse sur l'expulsion d'une collégienne d'origine kosovare a pris une dimension nouvelle jeudi en France avec la mobilisation de milliers de lycéens qui, en écho à une bonne partie de la gauche, réclament son retour et accusent Manuel Valls. L'exécutif est resté coi dans l'attente des conclusions de l'enquête administrative sur les conditions de l'éloignement de Leonarda Dibrani, 15 ans, interpellée par la police de l'air et des frontières (PAF) le 9 octobre dans le Doubs lors d'une sortie scolaire. La jeune fille, sa mère, et ses cinq frères et soeurs, ont été transférés par avion au Kosovo, à Mitrovica, où ils sont hébergés dans un appartement avec leur père, Reshat Dibrani. Ce dernier, expulsé de France le 8 octobre, a déclaré jeudi à Reuters avoir menti aux autorités françaises sur l'origine de sa femme et de ses enfants, tous nés en Italie, pour tenter d'obtenir l'asile. Selon BFM TV, il aurait usé d'un faux certificat de mariage acheté 50 euros à Paris. Entrés illégalement sur le territoire français en janvier 2009, "ils présentaient d'insuffisantes perspectives d'intégration sociale et économique", selon la préfecture du Doubs. Les conclusions de l'enquête administrative seront présentées vendredi en fin de journée au ministère de l'Intérieur, a-t-on précisé de source proche du dossier. La remise du rapport ne sera pas automatiquement suivie d'une "communication publique et immédiate", ajoute-t-on. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a déclaré mercredi à l'Assemblée nationale que Leonarda et sa famille seraient autorisées à rentrer en France si une "faute" était établie. La jeune fille a lancé jeudi un appel à François Hollande, via des médias français, pour qu'il permette son retour. Le chef de l'Etat, accusé par la droite de favoriser le chaos par son silence, ne s'est pas exprimé publiquement sur l'affaire qui met de nouveau à mal la cohésion du gouvernement et de la majorité. "LE PARTI DE JEAN JAURÈS N'ARRÊTE PAS LES ENFANTS" En déplacement aux Antilles jusqu'à samedi, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a assuré qu'il était "de gauche" tout en défendant "une politique assumée et ferme en matière de gestion des flux migratoires". Quelque 2.500 élèves, selon la police, plus de 10.000 selon les syndicats lycéens Fidl et UNL, ont manifesté à Paris et bloqué ou perturbé le fonctionnement d'une vingtaine d'établissements pour exiger le retour de Leonarda et de Khatchik Kachatryan, 19 ans, élève d'un lycée du XVIIIe arrondissement de Paris expulsé samedi dernier vers l'Arménie. Un nouveau rassemblement est prévu vendredi à la mi-journée place de la Bastille, à Paris. Le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a annoncé qu'il participerait à la manifestation et a de nouveau demandé la démission de Manuel Valls. "Le parti de Jean Jaurès ne brûle pas les campements, le parti de Jean Jaurès ne piétine pas les jouets des gosses, le parti de Jean Jaurès n'arrête pas les enfants qui vont à l'école", a-t-il lancé sur l'antenne de BFM TV. Le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, allié du Parti socialiste au gouvernement, a dénoncé une "faute" et une méthode "intolérable". Tout en jugeant "choquantes" les conditions de l'expulsion de Leonarda, telles qu'elles ont été rapportées notamment par le Réseau éducation sans frontières (RESF), la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a défendu Manuel Valls. L'ancien ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a lui aussi apporté son soutien au ministre de l'Intérieur en estimant que la gauche se tirait "une balle dans le pied" en l'attaquant. "C'est favoriser le Front national de ne pas appliquer convenablement la loi", a-t-il dit sur i>TÉLÉ. Sophie Louet avec Service France, édité par Gilles Trequesser