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Des économies de 2,4 milliards d'euros pour l'assurance maladie

Le gouvernement français compte que l'assurance maladie réalise l'an prochain 2,4 milliards d'euros d'économies, en jouant notamment sur les prix des médicaments, la gestion des hôpitaux et la limitation des prescriptions des médecins. /Photo d'archives/REUTERS

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français compte sur des économies de 2,4 milliards d'euros dans l'assurance maladie, auxquelles s'ajouteront 4,5 milliards de recettes nouvelles, pour une bonne part liées à la réforme des retraites, pour ramener le déficit de la sécurité sociale sous les 13 milliards d'euros en 2014. Dans une interview publiée jeudi par Les Echos, la ministre de la Santé Marisol Touraine confirme que le déficit 2013 du régime général (avec le Fonds de solidarité vieillesse) devrait s'établir à un peu plus de 16 milliards d'euros, soit un milliard de moins que prévu en juin grâce au léger rebond de l'activité enregistré depuis. La Commission des comptes de la sécurité sociale, réunie jeudi matin, a revu son estimation de déficit 2013 à 16,2 milliards d'euros, contre 17,3 milliards auparavant, un chiffre à comparer à celui de 17,5 milliards enregistré en 2012. Pour 2014, le gouvernement ambitionne de le ramener à 12,8 milliards d'euros, un montant encore éloigné des niveaux d'avant-crise (9,4 milliards en 2008) mais presque divisé par deux par rapport au record de 28 milliards enregistré en 2010. "Si nous n'avions pas pris de mesures de redressement, le déficit aurait dépassé 21 milliards", a dit Marisol Touraine. De fait, pour 2014, les projections de la Commission des comptes, obtenues par Reuters, portent sur un déficit de 21,5 milliards d'euros avant prise en compte des mesures prévues dans les projets de loi de finance (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Le gouvernement a déjà indiqué que les comptes sociaux devraient contribuer à hauteur de six milliards d'euros à l'effort d'économies de 15 milliards annoncé pour ramener le déficit public à 3,6% du PIB en 2014. EFFORT SANS PRÉCÉDENT Sur ce total, 2,4 milliards d'euros viendront de l'assurance maladie, invitée à faire un effort sans précédent dans une période récente par rapport à l'évolution spontanée de ses dépenses, estimée à +3,6% pour 2014 par la Commission des comptes. L'objectif de croissance (Ondam) retenu sera ainsi de 2,4%, soit le plus faible depuis 1998, contre 2,8% prévu en 2013. Pour y parvenir, Marisol Touraine promet qu'il n'y aura "aucun déremboursement, aucune participation supplémentaire" demandée aux assurés. La ministre attend en revanche près d'un milliard d'euros d'économies sur les médicaments, près de 500 millions d'une gestion plus serrée des hôpitaux via une rationalisation des achats et le développement de la chirurgie ambulatoire, ou encore 600 millions en limitant les prescriptions des médecins. Pour lutter contre la surconsommation de médicaments, Marisol Touraine a annoncé aussi des expérimentations sur une dispensation "à l'unité, et non plus par boîte, en commençant par certains antibiotiques, dans certaines régions." Des économies de gestion de 500 millions d'euros seront demandées aux caisses de sécurité sociale. Côté ressources, la sécurité sociale bénéficiera de 4,5 milliards d'euros supplémentaires provenant pour une bonne part de la réforme des retraites (hausse des cotisations, report de six mois dans l'année du versement des pensions, fiscalisation du bonus familial). S'y ajouteront des mesures prévues dans le PLF comme la suppression de l'avantage fiscal dont bénéficient les salariés sur les mutuelles ou la nouvelle baisse du quotient familial. Enfin, les revenus financiers seront mis à contribution via la suppression d'une "niche" dont bénéficient certains produits d'épargne, notamment une partie des contrats d'assurance vie en euros. Leurs prélèvements sociaux ne seront plus calculés sur la base des taux en vigueur au moment où les intérêts se sont formés, mais sur celle de la fiscalité qui s'applique au moment de la vente, un écart qui rapporterait 600 millions d'euros. Yann Le Guernigou, Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse