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La circulation alternée à Paris prendra fin à minuit

Contrôle de police à Paris. La circulation alternée imposée par les autorités à Paris et dans 22 communes limitrophes pour la première fois depuis 1997 face à des pics de pollution prendra fin lundi à minuit. /Photo prise le 17 mars 2014/REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - La circulation alternée imposée par les autorités à Paris et dans 22 communes limitrophes pour la première fois depuis 1997 face à des pics de pollution ne sera pas reconduite mardi, a annoncé lundi le ministre de l'Ecologie Philippe Martin. "Au vu des résultats des mesures prises et en fonction des prévisions que nous pouvons faire, le Premier ministre a pris la décision de ne pas reconduire la mesure de circulation alternée, demain, mardi", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. La circulation alternée prend donc fin lundi à minuit et la gratuité des transports publics à la fin du service. Depuis lundi matin, seuls les véhicules dotés de numéros impairs ont été autorisés à circuler dans la capitale et 22 communes périphériques, sauf exceptions, comme les taxis, les services de secours, les véhicules transportant au moins trois personnes (covoiturage) ou en livraison professionnelle. Quelque 850 policiers ont été mobilisés à une soixantaine de points de contrôle, notamment aux entrées de Paris. Les contrevenants s'exposaient à une amende de 22 euros et à l'obligation de rebrousser chemin. A 15h00, la Préfecture de police de Paris signalait 4.000 procès verbaux dressés pour non respect de la circulation alternée. "Moins d'une trentaine de voitures ont été immobilisées" après le refus des conducteurs de faire demi-tour, a indiqué le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, sur BFM TV. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui est allé aux premières heures de la matinée à la Préfecture de police de Paris, s'est félicité du civisme des Franciliens. "Il y a sûrement un certain nombre de personnes qui n'ont pas compris quelle était l'importance de la mesure (...) mais c'est le sens civique, le sens des responsabilité qui l'emporte", a-t-il déclaré à des journalistes. DUFLOT VEUT ALLER PLUS LOIN Philippe Martin a pour sa part souligné qu'il n'y avait à 8h00, autour de Paris, que 87 km de bouchons au lieu de 130 km habituellement et que le trafic avait diminué de 25 à 30%. "Les craintes de pagaille et de blocage de Paris nées du souvenir de 1997 ne se sont pas confirmées, bien au contraire", a-t-il dit. "Nous avons fait la démonstration que nous pouvions réussir là où beaucoup nous promettaient un échec". Selon la préfecture de police, il y avait 60% de congestion en moins par rapport à la situation habituelle et la direction des routes d'Ile-de-France montrait à la mi-journée des axes franciliens presque uniformément verts - "du jamais vu". Le gouvernement a mis en avant des impératifs de santé publique pour justifier la mise en place de la circulation alternée, déjà expérimentée dans d'autres capitales européennes mais qui n'a été appliquée qu'une fois à Paris, en 1997. Il a fallu plusieurs jours de pollution aux particules fines pour que le gouvernement décide samedi de mettre en place ce dispositif à compter de ce lundi, après avoir dans un premier temps décrété la gratuité des transports en commun. Mises en place depuis jeudi, les mesures de gratuité pour le stationnement résidentiel, la location de Velib’ et d’Autolib’ seront également suspendues à partir de minuit lundi, a annoncé la mairie de Paris dans un communiqué. "Je souhaite, en matière écologique, qu'on aille plus vite, plus loin", a dit sur BFM TV et RMC Cécile Duflot. La ministre Verte du Logement a déploré que la France ne soit pas encore devenue la "nation de l'excellence environnementale" promise en 2012 par François Hollande. DUFLOT ATTAQUE HIDALGO Elle a aussi attaqué la candidate socialiste à la mairie de Paris, Anne Hidalgo, selon qui le vice-président écologiste du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), Pierre Serne, a soutenu en décembre la commande de 300 autobus diesel par la régie des transports parisiens, la RATP. Anne Hidalgo promet de revenir sur cette décision, contre laquelle elle dit s'être élevée, si elle est élue. "C'est un scandale qu'elle ait dit cela", a répliqué Cécile Duflot. "C'est une commande qui a été passée en février (2013). Les écologistes n'avaient pas voté cette commande." La ministre a expliqué que les écologistes avaient finalement "assumé" cette décision en décembre, alors que la commande était déjà réglée à "60%", et mis les propos d'Anne Hidalgo sur le compte d'un "moment de faiblesse". Du côté des détracteurs de la circulation alternée, le délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes" a de nouveau mis en doute l'efficacité de la mesure. "Vouloir faire croire qu'on va résoudre tous les maux de la planète par la circulation alternée, c'est de la démagogie", a déclaré Pierre Chasseray sur RTL. Il a estimé que cette mesure aurait un impact négatif sur l'économie, avec les "centaines de milliers de personnes qui, aujourd'hui, vont perdre un temps énorme". Airparif, organisme qui mesure la qualité de l'air parisien, prévoyait lundi matin un niveau médiocre, avec un indice 6 sur une échelle allant jusqu'à 10 (maximum atteint vendredi) et une concentration de particules fines de 40 à 55 µg/m3. (Emmanuel Jarry, avec Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)