Publicité

Tension en Cisjordanie, Israël presse les Palestiniens de rétablir le calme

Israël a de nouveau pressé lundi l'Autorité palestinienne de ramener le calme en Cisjordanie, où la tension menace de dégénérer après la mort d'un prisonnier palestinien. Des milliers de Palestiniens ont participé, dans une atmosphère tendue mais sans incident majeur, aux funérailles d'Arafat Jaradat, militant du Fatah décédé samedi dans une prison israélienne à la suite, selon l'Autorité, de "tortures". Au cours des obsèques, la branche armée du mouvement nationaliste Fatah a promis de venger la mort du détenu qui appartenait à ses rangs. "Ce crime horrible ne restera pas impuni et nous promettons à l'occupant sioniste de riposter", ont indiqué les Brigades des Martyrs Al-Aqsa dans un communiqué distribué lors de l'enterrement d'Arafat Jaradat, 30 ans, dans son village de Sa'ir, près d'Hébron (sud de la Cisjordanie). Des combattants armés et masqués de l'aile militaire du Fatah surveillaient les obsèques des toits environnants, a constaté l'AFP, une scène rarement vue en Cisjordanie ces dernières années, réminiscence des années de l'Intifada (soulèvement). Ailleurs, des heurts ont à nouveau éclaté devant la prison militaire d'Ofer, près de Ramallah, où sont détenus plusieurs centaines de Palestiniens. Quelque 500 jeunes Palestiniens se sont affrontés à des soldats israéliens qui ont riposté en tirant des balles et en faisant usage de gaz lacrymogènes, selon les témoins qui ont rapporté avoir vu des snipers de l'armée postés sur des toits environnants. 26 manifestants ont été blessés par des balles caoutchoutées et 7 autres, légèrement, par des projectiles réels, selon des sources médicales palestiniennes. Un porte-parole de l'armée a fait état de six Palestiniens légèrement blessés par des balles caoutchoutées. D'autres affrontements ont eu lieu à Hébron, dans le camp de réfugiés d'Aida, près de Bethléem, où un manifestant a été grièvement blessé, et à Tulkarem (nord de la Cisjordanie). Appel au calme Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a accusé Israël de vouloir "créer le chaos" dans les Territoires, tout en assurant qu'il ne se laisserait pas entraîner dans cette direction. Face à l'agitation, Israël a de nouveau appelé l'Autorité palestinienne à agir "avec responsabilité" pour "empêcher les provocations et les violences qui ne font qu'exacerber les tensions", a déclaré à l'AFP le porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Mark Regev. "En fin de compte, ce n'est pas de violence dont on a besoin, mais de négociations de paix. Il est grand temps que la direction palestinienne mette fin à son boycott des pourparlers et retourne à la table des négociations", a ajouté M. Regev. M. Netanyahu a eu lundi matin "des consultations sur la sécurité à la suite des événements en Judée et Samarie" (ndlr: noms bibliques que les Israéliens appliquent à la Cisjordanie), a précisé un communiqué de son bureau. Il a également rencontré l'envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient Tony Blair. Dimanche déjà, M. Netanyahu avait transmis une "demande sans équivoque" à l'Autorité palestinienne pour qu'elle endigue les manifestations qui se déroulent depuis plusieurs jours en Cisjordanie en solidarité avec les détenus palestiniens en Israël et qui ont pris de l'ampleur avec la mort soudaine d'Arafat Jaradat. L'Autorité palestinienne, affirmant s'appuyer sur le rapport préliminaire d'autopsie, a accusé Israël d'avoir torturé à mort le jeune détenu palestinien. Le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, a réclamé une "enquête indépendante et transparente" sur les circonstances de sa mort et souhaité que les conclusions soient publiées dès que possible. Dans un communiqué, M. Serry a mis en garde contre "un risque réel de déstabilisation" en raison des tensions grandissantes sur le terrain et appelé toutes les parties à un "maximum de retenue" pour prévenir de nouvelles violences.