Bombardements et combats entre factions rebelles à Alep

BEYROUTH (Reuters) - Des hélicoptères de l'armée gouvernementale syrienne ont continué dimanche de lancer des barils explosifs sur des zones rebelles à Alep, la grande ville du nord de la Syrie, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui fait état de 83 morts depuis vendredi. La plupart des victimes sont des civils qui habitaient dans les quartiers est de la ville, notamment des femmes et des enfants, précise l'ONG proche de l'opposition syrienne. L'utilisation de barils explosifs dans les bombardements a été condamnée par la communauté internationale en raison du manque de précision de ce type d'armes qui a tué plus de 700 personnes depuis un mois et demi en Syrie. Les tentatives de faire adopter à l'Onu une résolution contre l'emploi de ces armes ont été bloquées par la Russie, alliée du président syrien Bachar al Assad. L'armée syrienne a également eu recours aux barils explosifs dans les faubourgs de la capitale, Damas. L'OSDH précise que des militants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe djihadiste lié à Al Qaïda, ont pris le contrôle de la région d'Al Raa'i, au nord d'Alep, près de la frontière turque, après des combats avec un groupe islamiste rival, Liwa al Tawhid. Les hommes de l'EIIL ont libéré à cette occasion 400 personnes qui étaient détenues dans cette région, ajoute l'ONG basée en Grande-Bretagne mais disposant d'un important réseau d'informateurs sur le terrain. Des combats entre l'EIIL et les militants de Liwa al Tawhid se poursuivaient dimanche. COMBATS DANS LE SUD Dans l'est du pays, dans la province de Daïr az Zour, l'EIIL a également pris le contrôle de l'important gisement gazier de Koniko qui était depuis plusieurs semaines aux mains des islamistes du Front al Nosra. Plus au sud, dans la province de Hama, des combattants de l'EIIL ont tué un chef rebelle rival et six autres insurgés dans une embuscade. Plus au sud encore, dans la province de Deraa où débutèrent les premières manifestations pacifiques contre Bachar al Assad en mars 2011, l'Armée syrienne libre (ASL) a annoncé des succès dans une offensive baptisée "Genève-Haouran", référence aux récents pourparlers entre gouvernement et rebelles syriens en Suisse et à une région du sud de la Syrie. Dans une déclaration filmée diffusée sur internet, un chef rebelle déclare que ses combattants ont pris plusieurs points de contrôle aux forces gouvernementales, détruit plusieurs chars et infligé des victimes au camp adverse. La télévision nationale syrienne a quant à elle annoncé que l'armée avait tué "plusieurs terroristes" dans la même région, dont cinq combattants originaires d'autres pays arabes. Interrogé par la chaîne Al Arabia, Firas al Haourani, un porte-parole de la rébellion, a déclaré que cette offensive entendait marquer le soutien à l'opposition qui a participé aux pourparlers de Genève. "C'est une expression de soutien à l'opposition syrienne qui mène la guerre à ce régime tyrannique et essaie de convaincre le monde que ce régime ne comprend pas le langage de la politique. Il ne comprend que le langage de la guerre", a-t-il dit. Depuis mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 130.000 morts et près de six millions de déplacés. Stephen Kalin; Henri-Pierre André, Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français