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Fils de France, musulmans et patriotes

Peut-on ne pas manger de porc et croire en la grandeur de notre patrie ? Peut-on être musulman et patriote ? C'est pour donner une réponse affirmative à ces questions que le club politique « fils de France » s'est constitué.

La nuit tombe sur le quartier de Chatelet. Les magasins des Halles sont fermés depuis un moment, les jeunes trainent maintenant du côté de l'esplanade du centre Georges Pompidou. Dans un coin se produit un couple de guitaristes chinois, quelques pas plus loin un mime range son matériel.

A l'espace Saint-Martin le club Fils de France a réservé une salle à 2,500 euros pour son inauguration. L'auditorium n'est pourtant rempli qu'à moitié. Parmi les convives, il y a des jeunes et des moins jeunes, des personnes typées des quatre coins du globe. S'ils sont venus ici ce soir c'est pour protester contre l'amalgame entre musulmans et mauvais patriotes. Ali a 19 ans, étudiants en sociologie il ne supporte plus les amalgames qui sont fait tous les jours par les politiques : « Moi j'en ai marre, ils ne connaissent pas la religion et viennent nous donner des leçons de morale. Je suis persuadé que je me sens plus Français qu'aucun d'entre eux. Ils vivent entre Bruxelles, New York et Paris et ils pensent savoir ce qu'est la France ». Ali est venu à cette inauguration après une discussion qu'il a eue sur un blog musulman : « Tu serais étonné du nombre de blogs qui tournent autour de cette question de patriotisme ».

Dans le fond de la salle un jeune discute avec un homme en costume cravate. Le premier est musulman le second est membre d'Egalité et réconciliation. Ce mouvement fondé par Alain Soral, ancien communiste passé frontiste se définie comme représentant un nationalisme de gauche. Le discours mêle allégrement diatribe contre les élites corrompues et déclarations d'amour ampoulées à la France.

Farid prend la relève de Louis qui s'essouffle mais veut d'abord me dresser son profil. Il est musulman, habite dans une banlieue du 93 et étudie les sciences politiques à l'université. Il se décrit lui-même comme « marxiste en méthode, libéral en pensée ». Il m'explique que la France pourrait être un pays d'accueil généreux et ouvert mais que ce n'est juste pas possible en ce moment : « il y a plus de place ! On tape sur les assistés mais j'en connais beaucoup qui serait ravi de travailler mais le grand capital préfère se gaver en faisant travailler des Kurdes au black pour 500 euros ». Et puis, « les nouveaux ils ne viennent plus ici par amour pour la France, ils ne font plus l'effort de s'intégrer. Ils se racontent des histoires du bled et chantent à tue-tête je baiserai la France jusqu'à ce qu'elle m'aime ».

Et la politique dans tout ça? Louis reprend le flambeau : « Les Fils de France sont comme ER (Egalité et réconciliation), ils sont favorables à tout patriote, Marine Le Pen mais aussi Jean-Pierre Chevènement et Nicolas Dupont-Aignan». Ce dernier a été le seul à répondre présent ce soir et a salué cette initiative « positive ». D'après lui, « le rassemblement des Français passe par le fait de surmonter nos différences. Cela ne signifie pas les nier, mais comprendre ce qui nous rassemble et dans ce cadre républicain, il faut traiter la question de l'islam de France. Les Français musulmans comme les autres citoyens participent à l'œuvre collective ». Comme s'il fallait un club politique pour s'en convaincre.

Rémi Hattinguais