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Les mauvais coups de Guéant

Vous connaissez la DCRI ? Wikipédia nous apprend que ce service a été créé en 2008 pour devenir « un FBI à la française » en matière de renseignement. Tout ce qui touche la DCRI est « Secret Défense ». Du coup, les questions qu'on se pose sur ses activités restent souvent sans réponse.

N'empêche, on aimerait savoir si la DCRI surveillait DSK. C'est Le Nouvel Observateur qui en parle. Selon ce magazine, « le 12 mai, lors d'un déjeuner au FMI entre hommes, le commissaire Jean-Christophe Lagarde informe DSK qu'à la DCRI, une cellule est mobilisée sur son cas, qu'il est sur écoute, que sa messagerie est surveillée. »

En novembre 2010, Le Canard Enchaîné accusait déjà la DCRI d'avoir créé une cellule pour surveiller les journalistes. Dans son édito, Claude Angeli y allait fort :
« Depuis le début de l'année au moins, dès qu'un journaliste se livre à une enquête gênante pour lui ou pour les siens, Sarkozy demande à Bernard Squarcini, patron du service de Renseignement Intérieur (DCRI), de s'intéresser à cet effronté. En clair, de le mettre sous surveillance, de recenser ses relations et, surtout, ses informateurs. »

Brice Hortefeux, qui était alors ministre de l'Intérieur, avait balayé ces accusations en employant une formule choc : « Vous savez, la DCRI, ce n'est pas la Stasi ou le KGB ».
Pas de bol ! Un an plus tard (en septembre 2011), la Justice découvre que la DCRI a bien examiné les fadettes d'un journaliste du Monde qui enquêtait sur l'affaire Bettencourt. Selon le journal, c'est une « affaire d'État » qui accrédite le soupçon de l'existence d'un « cabinet noir » au sommet de l'exécutif.

Alors DSK était-il surveillé par la DCRI ? En tout cas, Brice Hortefeux ne peut plus nous ressortir sa bonne blague sur la Stasi et le KGB. Surtout quand on sait comment l'affaire du Carlton a démarré. Dans cette affaire, le détonateur s'appelle René Kojfer. C'est son avocat qui le désigne ainsi dans une interview à Nord Éclair. René Kojfer s'occupait des relations publiques du Carlton de Lille. Il a été mis mis en examen pour « proxénétisme aggravé en bande organisée ». Depuis le 6 octobre, il est incarcéré à la maison d'arrêt de Sequedin. Selon Nord Éclair, « René Kojfer a été placé à l'isolement en raison (…) des risques de représailles pesant sur lui du fait de son statut allégué d'informateur de la police. »

Pour vous dire si René est proche de la police, dans les années 90, il aurait même joué les chèvres dans les bars à hôtesses. C'est encore Nord Éclair qui nous raconte comment René « montait tout bonnement à l'étage avec une de ces dames, avant que la PJ n'intervienne et ne constate le flagrant délit. » Mais dans la police, René connaît aussi du beau monde. Selon un article du Point, il compte même parmi ses relations le numéro deux de la DCRI. « Je sais que mon client connaissait très bien ce grand flic, précise au Point Maître Snyckerte. » Entre l'indic et le grand flic, les relations seraient presque amicales, selon l'avocat.

Que dire de plus sur René ? On peut ajouter qu'il est le premier à avoir cité le nom de DSK dans l'affaire du Carlton. Selon Le Parisien, c'était le 15 mai dernier. Alors que son téléphone était sur écoute, les policiers l'ont entendu raconter à des amis des détails croustillants sur la vie sexuelle de DSK.
Mais il semblerait que René ne racontait pas les frasques de DSK à tous ses amis. En effet, Frédéric Veaux, le numéro 2 de la DRCI, dément avoir été informé "de rendez-vous coquins tarifés organisés à Paris et à Washington avec Dominique Strauss-Kahn".
Et comme il n'était pas au courant, ben forcément, il n'a pas pu informer Claude Guéant. Ce qui explique pourquoi le ministre de l'Intérieur n'a appris « qu'après l'été » que le nom de DSK était cité dans l'affaire du Carlton. En tout cas, c'est ce qu'il disait ce week-end dans le JDD.

Le 28 avril dernier, quand DSK a rencontré des journalistes de Libération à Paris, il leur a confié qu'il se méfiait des mauvais coups de Guéant. On se demande bien pourquoi...