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Hollande : volte-face, zigzag et contradiction

Sans citer son nom, Hollande fait souvent référence à Sarkozy. Lors de son discours du Bourget, le candidat socialiste a promis que son quinquennat ne ressemblerait pas à celui du Président sortant : « Le quinquennat ne sera pas une volte-face, un zigzag, une contradiction. »

De ce point de vue, sa campagne commence mal. Au Bourget, François Hollande a déclaré la guerre au « monde de la finance », en le désignant comme son véritable adversaire dans la bataille qui s'engage. Cette semaine, il vient de faire volte-face.

Interview au Guardian

Lundi dernier, The Guardian publiait un article consacré au candidat socialiste. Il était intitulé : « François Hollande seeks to reassure UK and City of London » (François Hollande cherche à rassurer le Royaume-Uni et la City). The City of London, c'est l'un des plus grand quartiers d'affaires en Europe et l'une des premières places financières au monde. Wikipedia note qu'il regroupe « les sièges sociaux de nombreuses banques, compagnies d'assurance et grandes entreprises multinationales ».

Après la déclaration de guerre du Bourget, on comprend que tout ce petit monde se soit posé quelques questions. Si Hollande est élu, la France deviendra-t-elle un adversaire implacable du « monde de la finance » ?

Volte-face

Dans l'entretien qu'il a accordé à la correspondante du Guardian à Paris, François Hollande se dégonfle. Tant que le monde de la finance n'avait pas de nom et pas de visage, il voulait le combattre. Mais il change de ton dans la presse anglaise. Son message est clair, le monde de la finance n'a rien à craindre d'un Président socialiste. Pour être tout à fait convaincant, Hollande s'appuie sur un petit rappel historique : « La gauche a gouverné pendant 15 ans pendant lesquels elle a libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n'y a pas de crainte à avoir. »

Si ça c'est pas une volte-face ! Quand il s'agit de galvaniser les militants, François Hollande dénonce « la finance qui en vingt ans a pris le contrôle de l'économie, de la société et même de nos vies ». En revanche, lorsqu'il s'exprime dans la presse internationale, il se vante d'avoir « ouvert les marchés à la finance et à la privatisation ».

Zigzag

Face aux 15 000 personnes rassemblées au Bourget, François Hollande a pris un engagement solennel : « Chers amis, je veux citer Pierre Mendès France, qui nous disait que « la vérité doit forcément guider nos pas ». Je vous dois donc la vérité. »

Mais quelle vérité ? Celle du Bourget ou celle du Guardian ? La journaliste anglaise l'interroge sur cette contradiction, et voilà ce qu'elle en retient : « Il a dit que sa position sur une nouvelle régulation du secteur financier était en phase avec l'opinion publique européenne et qu'elle était similaire à celle de tous les autres candidats à la présidentielle, y compris celle de Nicolas Sarkozy, qui est à droite. » En clair, pour se faire élire, faut bien dire aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre. La preuve, même Sarkozy a retourné sa veste sur la taxe Tobin ! Mais surtout, ne vous inquiétez pas. Tout ça, ce ne sont que des promesses de campagne…

Contradiction

Ce serait intéressant qu'un journaliste français interroge François Hollande sur cette contradiction. Mais curieusement, chez nous, la presse en a assez peu parlé. Certes, la phrase « Il n'y a plus de communistes en France » a fait son buzz. La journaliste du Guardian a d'ailleurs accepté de publier un rectificatif précisant que François Hollande dit : « Il n'y a plus de communistes… ou presque plus ».

Mais pour ce qui est du délicieux passage où le candidat socialiste vante le bilan de la gauche : « La gauche a gouverné pendant 15 ans pendant lesquels elle a libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n'y a pas de crainte à avoir. » Celui-ci n'a guère été repris. Libération a publié une dépêche AFP sur son site Internet mais elle n'apparaît pas dans la version papier. Quant au Monde, il est encore plus discret sur le sujet. La phrase de Hollande sur le bilan de la gauche ne figure pas dans l'article consacré à la polémique.

Tant mieux pour François Hollande ! Parce que cette phrase, elle fait un peu penser à la bourde de Jospin, quand il a dit que son programme n'était pas socialiste. Le genre de bourde qui peut coûter très cher…