Benjamin Netanyahu pessimiste au début de la visite de John Kerry

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est montré particulièrement pessimiste jeudi quant à l'évolution des négociations de paix, s'en prenant aux Palestiniens alors même que le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, entamait une nouvelle navette au Proche-Orient. /Photo prise le 2 janvier 2014/REUTERS/Brendan Smialowski/Pool

par Arshad Mohammed JERUSALEM (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est montré particulièrement pessimiste jeudi quant à l'évolution des négociations de paix, s'en prenant aux Palestiniens alors même que le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, entamait une nouvelle navette au Proche-Orient. "Le doute grandit de plus en plus en Israël quant à la détermination des Palestiniens à parvenir à la paix", a dit Netanyahu à Jérusalem, avec à ses côtés John Kerry. Le Premier ministre israélien a accusé les responsables palestiniens d'orchestrer "sans relâche" une campagne hostile à Israël. Dans les jours précédant l'arrivée de John Kerry à Jérusalem, les dirigeants palestiniens avaient de même accusé Israël de chercher à saborder les négociations de paix. John Kerry, qui effectue sa dixième visite dans la région en moins d'un an, a concentré jeudi ses déclarations sur la poursuite des efforts américains sur la voie d'un accord de paix définitif, que Washington souhaite voir se concrétiser d'ici avril, et à court terme sur la recherche d'un accord-cadre permettant d'accoucher par la suite d'un accord final. Selon lui, les dirigeants israéliens et palestiniens se rapprochent du moment, ou en sont déjà arrivés au moment, où ils vont devoir prendre des décisions difficiles. John Kerry s'est engagé à travailler plus intensément encore avec les deux parties pour surmonter les divergences concernant un "accord-cadre". "Il (l'accord-cadre) fixera des paramètres solides et clairement définis, à partir desquels les parties sauront où elles vont et quel peut être le résultat final", a dit le secrétaire d'Etat américain. "Cela prendra du temps et il faudra des compromis de part et d'autre, mais un accord-cadre constituera un progrès notable", a-t-il dit. Sur les questions du tracé des frontières, de la sécurité, des réfugiés ainsi que sur le statut futur de Jérusalem, les dirigeants palestiniens et israéliens ont semblé camper cette semaine sur des positions bien éloignées les unes des autres. ABBAS INVOQUE LES FRONTIÈRES D'AVANT 1967 Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Zeev Elkin a rejeté jeudi la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières d'avant la guerre des Six jours (1967), durant laquelle l'armée israélienne avait occupé la bande de Gaza, la Cisjordanie et la partie est, arabe, de Jérusalem. "La vallée du Jourdain doit rester à jamais sous souveraineté israélienne", a estimé Zeev Elkin, faisant allusion à la zone frontalière avec la Jordanie, d'où les Palestiniens veulent voir les Israéliens se retirer complètement. Mardi, le président de l'Autorité autonome palestinienne Mahmoud Abbas a réitéré son appel à ce que les colons et soldats israéliens se retirent des zones occupées depuis la guerre des Six jours, ajoutant qu'il n'hésiterait pas à rejeter tout accord qui lui paraîtrait mauvais pour les Palestiniens. "Nous dirons 'oui' à toute idée qui ira dans le sens de nos droits. Mais nous n'hésiterons pas un moment à dire 'non', quelles que soient les pressions, à toute proposition qui n'irait pas dans le sens des intérêts suprêmes de notre peuple", a-t-il dit lors d'un discours. Le chef des négociateurs palestiniens Saëb Erekat avait déclaré en décembre qu'un accord-cadre pourrait permettre de proroger d'un an les négociations en cours. Cette semaine, cependant, il a estimé que les négociations, placées sous l'égide des Etats-Unis, "allaient à l'échec", et il a menacé d'assigner Israël devant la Cour pénale internationale (CPI). S'adressant mardi aux journalistes, un haut responsable du département d'Etat américain a déclaré que John Kerry n'attendait pas de percée particulière au cours de sa nouvelle visite, pendant laquelle il verra à plusieurs reprises, séparément, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas. Noah Browning à Ramallah et Lesley Wroughton à Washington; Eric Faye pour le service français