Baisse de charges partagée entre emploi et compétitivité

La future baisse de 10 milliards d'euros du coût du travail en France devrait aller dans une proportion presque équivalente vers les bas salaires, pour doper l'emploi, et vers un soutien à la compétitivité des entreprises, à travers les salaires plus élevés, selon l'entourage du chef de l'Etat. /Photo d'archives/REUTERS

PARIS (Reuters) - La future baisse de 10 milliards d'euros du coût du travail en France devrait aller dans une proportion presque équivalente vers les bas salaires, pour doper l'emploi, et vers un soutien à la compétitivité des entreprises, à travers les salaires plus élevés, a-t-on appris mardi dans l'entourage du chef de l'Etat. L'équilibre n'est pas encore fixé et les consultations se poursuivent, notamment avec le patronat, mais l'objectif est d'accentuer l'aide aux entreprises les plus confrontées à la concurrence mondiale, en plus du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) qui atteindra 20 milliards en 2015. Pour les 10 milliards supplémentaires promis aux entreprises, "ce sera un mix: moitié compétitivité, moitié emploi", a-t-on déclaré mardi dans l'entourage du président. Une autre source à l'Elysée a précisé que "sur les proportions entre les aides, ce n'est pas encore arbitré et selon les mécanismes qui seront choisis, il y a encore une zone d'incertitude", tout en confirmant que la répartition pourrait au final ne pas être très éloignée de 50-50. Pour les bas salaires, le levier le plus efficace pour la création d'emplois, la présidence de la République évoque une modification des allègements "Fillon" de cotisations sociales qui vont jusqu'à 1,6 smic. "Sur la feuille de paie, l'employeur verra exactement quel est le niveau des cotisations sociales payées et autour du smic, on va arriver à un niveau de quasiment zéro. C'est important, la lisibilité", a-t-on expliqué. RÉPONSES AVANT LA FIN MARS Le débat est vif au sein du patronat sur le ciblage de la baisse supplémentaire de 10 milliards d'euros du coût du travail promise par François Hollande. Les petites entreprises préfèrent les baisses sur les bas salaires car elles en comptent davantage, tandis que les plus grandes veulent doper leur compétitivité en touchant les hauts. Le Medef a proposé de conserver le CICE et les allègements "Fillon" et de diviser par deux les cotisations famille d'ici 2017, pour baisser le coût du travail sur toute l'échelle des salaires. "Nous préconisons une mesure simple qui consisterait à affecter les 10 milliards d'allègements supplémentaires à une baisse uniforme des cotisations famille, applicable à tous les salaires", plaident mardi Jean-François Dehecq, vice-président du Conseil national de l'industrie, Frédéric Saint-Geours, président du Groupe des fédérations industrielles et Philippe Varin, président du Cercle de l'industrie dans une tribune dans le quotidien Les Echos. François Hollande a demandé mardi dans un discours sur l'emploi des jeunes une mise en oeuvre rapide du "pacte de responsabilité", appelé à être présenté au Parlement fin avril. "L'Etat va faire connaître très rapidement les allègements du coût du travail et ensuite il aura à faire en sorte les employeurs puissent avoir la visibilité indispensable sur leurs prélèvements et les conditions de leur activité", a-t-il dit. "Il faut que ce soit cristallisé à la fin du mois, maintenant il faut qu'on aille vite", insiste son entourage. (Elizabeth Pineau, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)