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Arafat empoisonné? Pas exclu mais pas de preuves

Dans une rue de Gaza. Les deux experts suisses qui ont examiné la dépouille de Yasser Arafat ont déclaré jeudi que les éléments recueillis appuyaient l'hypothèse d'un empoisonnement au polonium de l'ancien dirigeant palestinien, mort il y a neuf ans, sans toutefois permettre de certitude absolue. /Photo prise le 7 novembre 2013/REUTERS/Suhaib Salem

par Stephanie Nebehay LAUSANNE, Suisse (Reuters) - Les deux experts suisses qui ont examiné la dépouille de Yasser Arafat ont déclaré jeudi que les éléments recueillis appuyaient l'hypothèse d'un empoisonnement au polonium de l'ancien dirigeant palestinien, mort il y a neuf ans, sans toutefois permettre de certitude. Souha Arafat, veuve de l'ancien président de l'Autorité palestinienne, avait annoncé mercredi avoir recueilli des informations de l'équipe suisse corroborant la thèse de l'empoisonnement. "Nos observations sont cohérentes avec l'hypothèse d'un empoisonnement, en tout cas plus qu'avec l'hypothèse inverse", a déclaré lors d'une conférence de presse à Lausanne Patrice Mangin, directeur du Centre universitaire romand de médecine légale. "Nos résultats peuvent soutenir raisonnablement la proposition selon laquelle le décès pourrait être la conséquence d'un empoisonnement au polonium 210", a-t-il ajouté. Son collègue François Bochud, directeur de l'Institut de radiophysique appliquée, a cependant souligné que les résultats obtenus ne permettaient pas de conclure avec certitude à un empoisonnement. "Pouvons-nous dire avec certitude que le polonium a été la cause de la mort du président Arafat? Malheureusement pour ceux d'entre vous qui veulent une réponse claire, la réponse est non. C'est-à-dire que nos examens ne nous permettent pas de démontrer catégoriquement l'hypothèse d'un empoisonnement par le polonium", a-t-il dit. "QUELQUES MICROGRAMMES" François Bochud a précisé que quelques microgrammes de polonium, versés dans une boisson ou un plat, suffisaient à entraîner la mort au bout d'environ un mois. Les deux experts suisses ont remis mardi à Genève leur rapport de 108 pages à la veuve d'Arafat et à l'Autorité palestinienne. Ce rapport est consultable sur le site internet de la chaîne de télévision Al Djazira. Yasser Arafat est mort à l'âge de 75 ans après une courte et mystérieuse maladie le 11 novembre 2004 à l'hôpital militaire de Percy, à Clamart dans les Hauts-de-Seine, où il avait été transféré avec l'accord d'Israël après avoir été isolé par l'armée israélienne dans son QG de Ramallah. Une vingtaine de prélèvements ont été effectués après l'exhumation du corps en novembre dernier et des échantillons distincts ont été confiés à des équipes de médecins légistes français et suisses, ainsi qu'à une équipe d'experts russes, invités par les Palestiniens. Les experts français n'ont pas encore rendu publics les résultats de leurs travaux. Dans ses déclarations de mercredi, Souha Arafat n'accuse aucun pays ou individu en particulier mais rappelle le grand nombre d'ennemis qu'avait le leader historique de l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), signataire en 1993 d'un accord de paix intérimaire à Oslo avec Israël, puis meneur d'une révolte en 2001 à la suite de l'échec d'autres pourparlers. Elle a toutefois mis en cause l'entourage de son mari. Israël a redit jeudi qu'il n'avait aucune responsabilité dans la mort de Yasser Arafat. Guy Kerivel pour le service français, édité par Gilles Trequesser